Page Culturelle, the Origin

Publié le par Atelier de l'Impasse

Salut à toi, l'ami.

Mandaté par mes compères pour m'occuper de la page culturelle (dans un concert de ricanements cyniques), je vais tenter de m'acquitter de cette glorieuse tâche. Ils m'ont déjà coupé l'herbe sous le pied avec une chronique lâchement publiée pendant mon absence, mais qu'importe, je lance, pour de bon, la rubrique, comme si de rien n'était !

Hein ? Quoi !? Non ! Ne t'enfuis pas, camarade, pas déjà !

Que se passe-t-il ? Ah... Je vois dans tes yeux ce qui a provoqué ta fuite... La Culture. Sujet délicat. Mmmmm... Sujet douloureux.


J'imagine sans problème... Ca a commencé au Lycée, pas vrai ? Après 14 ans de traversée du désert, il allait bien falloir devenir un homme. En bref : te trouver une gonzesse. Et c'est justement à cette époque que tu as découvert cette arme de séduction massive qu'est la Culture.

Elle était détenue par la catégorie d'élèves la plus en vue de l'établissement : les Rebelles. Les filles en étaient folles.

Les cheveux fous, figés dans le gras, les pulls en forme de serpillères, les écharpes enroulées autour du cou dans un mouvement à la fois négligeant et savamment étudié. Et les Docks Martens. Forcément. Ils transgressaient tous les interdits. Ils fumaient. Pire. Ils buvaient du café... et ils jouaient au Tarot.


Mais surtout, surtout, leur pouvoir venait de ces phrases, de ces sentences improbables qu'ils pouvaient lancer à l'envi. « T'as lu Dostoïevsky ? Trop pur... » « Le dernier David Lynch, de la bombe... » « Tu connais pas Thiéfaine ??? Naaaaannn... »

Et en réponse à tout cela, regards énamourés, poses lascives et gloussements mielleux fleurissaient comme au Printemps...


Ils étaient cultivés. Ils s'en servaient pour draguer. Ca marchait à mort. C'est dire si tu les enviais.


Tu avais voulu être des leurs. Pauvre petit fou. Tes vêtements avaient la seule particularité d'être encore constellés d'étiquettes à ton nom, tes seuls loisirs consistaient à faire péter des vaisseaux spatiaux sur un écran, ou des boutons sur un miroir... 


Le test d'entrée fût rapide... Ils te demandèrent à quoi tu t'intéressais. Tu fis un rapide tour d'horizon, et tu pris la mesure du désastre.


Aujourd'hui encore, l'écho de leurs rires raisonne à tes oreilles. Le mépris des filles semble se lire sur tous les visages féminins que tu entrevois...

Mais tu sais qu'ils avaient raison. Tu t'intéresses, tu lis, tu vois, tu écoutes, tu enregistres des litanies de références. Pourtant le malaise persiste. Et quand tu retrouves ces figures d'aventurier de l'intellect à la télé, à la radio, tu deviens violent.

Même si, dans le fond, ce qu'ils disent n'est pas complètement con, tu aimerais encastrer ton visage dans celui d'Eric Naulleau, entarter BHL avec une quiche aux piments rouges, faire bouffer ses cheveux à Michel Onfray, et crever les yeux de Philippe Sollers... Enfin, Chronic'art te semble digne d'une salle d'attente ou d'un salon de coiffure, et quand tu lis les Inrocks, quelque chose remue en toi, comme une bête, un Jean Pierre Pernaud prêt à briser ses chaînes.


Ils t'ont marqué au fer rouge. Tu aimes voir les Mercredis de l'Histoire, mais si tu sombres dans une soirée D&Co, tu es empli de remords. Tu affiches ton amour pour The Shield, mais la culpabilité te dévore quand tu regardes Smallville. Ton abonnement à Télérama te satisfait. Pourtant, tu te jettes sur les Télé 7 Jours de tes beaux parents, pour dévorer la rubrique de Morandini, et les pages people.


Tu as mal. Tu as peur.

Alors, l'ami, je suis là pour te dire que tout va bien. D'abord, tu n'as pas à rougir de tes poussées de violence, ou de culpabilité. Ceux qui savent, et qui le clament haut et fort, eux aussi, sont victimes d'un mal. C'est un des effets pervers de la Culture. Ca s'appelle la Condescendance.


Et surtout, tu n'es pas seul. Viens dans mes bras, mon ami, mon plus que frère, mon âme soeur. Mêlons nos sangs, prêtons nous serment jusqu'à la fin de nos jours. Je sais ce que tu vis. Nous sommes nombreux. Majorité silencieuse, mais gonflée par la colère de devoir choisir un camp, entre les intellos et les beaufs. Tu as raison de regarder tout ce qui est marqué d'un T ou deux dans ton magazine culturel, mais tu as aussi le droit d'aimer la merde. J'aime ça aussi. Par tonneaux.


Dès lors, avec ces « pages culturelles », je ne te propose pas d'être un guide. Non. Je vais voyager et découvrir avec toi. Nous allons expérimenter ensemble. Oui, nous verrons des bons films, mais aussi des daubes. Peut-être que nous les aimerons tous. Oui, nous allons lire de bons bouquins, de bons albums. Mais aussi des merdes. Peut-être que nous les conseillerons tous.


Il sera long, le chemin, parsemé d'embûches, de mauvais acteurs, de scenarios poussifs, de vannes faciles, de bastons pitoyables et de filles qui attendent leurs meurtriers sous la douche.

Il sera noir, le tunnel. Mais nous nous tiendrons la main.


Nous entamerons notre aventure avec une première chronique lundi prochain.

Ca s'appellera : « Hunger vs le Transporteur 3 : le Choc »

Tu vois, petit bourrin de mon coeur... Tu es comme à la maison...

Publié dans Culture mon amie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article