Transporteur 3 vs Hunger, le CHOC + Bonus Tracks

Publié le par Atelier de l'Impasse

Chose promise, chose due. Avec du retard. Tout plein. Donc plein de films. Tout pleins. Et des phrases pleines d'informations pertinentes. Plein plein plein.


Commençons par le "Transporteur 3".



Une franchise qui avait bien démarré (je n'entends pas les ricanements, je ne les entends pas...) avec un premier film efficace. Des grosses bagnoles, des poursuite, et une bombe (une fille quoi...). Rien de très impressionnant pour nous, les gars de l'Atelier de l'Impasse : c'est notre lot quotidien. T'as qu'à monter dans ma Logan si tu me crois pas, je te plaquerai le dos au siège sur le périph, t'as pas fini de transpirer. Et laisse moi te dire que les voitures roumaines, ça permet d'emballer sec. Ca doit être le design, entre la Traban et la voiture Playmobil : quand un véhicule aux courbes aussi félines s'approche, les filles n'en peuvent plus, c'est immédiat...

Bref. Ce qui faisait l'intérêt du Transporteur, c'était l'idée de départ (j'ai pas parlé de scénario, entendons nous bien...), le mec dans le costume (Jason Statham, et l'effet Snatch qui perdure partout où il va)... et les bastons. Bien filmées, inventives. Pour une fois. On a jamais vu un mec enfiler des pédales de vélo pour évoluer sur une marre d'huile, et péter la gueule de tous ceux qui glissent dessus.

Oui. Rien que pour cette scène, le Transporteur, ça valait le coup d'être vu.


Hé ben, si tu espères retrouver ce genre de fantaisie dans le 3e, passe ton chemin. De poursuite, il y en a une, entre deux voitures, sur une route de campagne. On se la refait au camescope quand tu es dispo. La fille, je pense que tu auras envie de la cogner. Parfois, on a le droit, quand même... Elle appartient à la longue lignée des Mila Jovovich et autres : grande, plate et hystérique. Très énervante. J'ai toujours pas parlé du scénar.Je ne le ferai pas.

Mais les bagarres, les bagarres... toi, l'esthète de la fracture, le visionnaire de la gesticulation saignante, toi, l'impactophile, tu vas pleurer. Quelqu'un a cru bon de réinventer le montage des scènes d'action en coupant l'instant qui se déroule entre « mon poing part » et « mon poing atterrit dans ta g... ». Résultat : du hachis, façon film des années 20, la part comique et/ou artistique en moins. Van Damme au pays de Charlie Chaplin. Grosse rigolade garantie pour ceux qui ont un abonnement et du temps à perdre. Rivières de larmes pour ceux qui auront payé 10 euros.


Mais il y a un salut. Une autre voie. Une autre manière de dépenser ses sousous, et d'en avoir pour sa cagnotte!

Allons à l'essentiel : tu n'aimes pas « les films d'action ». T'es comme moi. Ce que tu aimes, c'est sortir d'un film dans le même état qu'après un gros tour dans l'attraction la plus déglinguée d'une foire de province, sauf que là, t'es encore vivant, t'as de la sueur plein le dos mais pas l'envie de vomir. Tout s'est passé dans ta tête. Il y a un mot, pour ça.

Ca s'appelle « L'Emotion ». Certes, les gens qui l'emploient manquent de pudeur et de virilité. Entre nous, les poilus, les vrais de vrais, l'expression « baffe dans la gueule » me semble préférable.


Or, c'est bien de ça qu'il s'agit, ici, avec "Hunger".




Alors, oui, le film est précédé d'une mauvaise réputation. D'abord, le thème : années 60, dans une prison d'Irlande du Nord. Les anciens membres de l'IRA qui y sont enfermés réclament le statut de prisonnier politique. Pour ça, ils vont d'abord faire la grève de l'hygiène, puis, voyant que ça ne fonctionne pas, ils feront la grève de la faim, celle qui se termine mal, en général. Ca a l'air chiant, hein ? Et en plus, le film a eu la Caméra d'or à Cannes, le Lion d'Or à Venise, et le réalisateur triche avec son nom. Il s'appelle Steve Mac Queen, se fait passer pour le fantôme d'un acteur populaire, alors qu'il est... plasticien. «  Artiste contemporain. »


Et pourtant, non, "Hunger" n'est pas l'équivalent filmique d'un tableau blanc sur lequel tu es sensé t'extasier. C'est un film accessible, original, intelligent, efficace... effroyable, et spectaculaire. Les mots magiques sont lâchés.


Un film en trois parties.

D'abord, une peinture détaillée, et effarante, du combat que se livrent les gardiens et les prisonniers au travers de la grève de l'hygiène, expression qui prend tout son sens, et bien au delà, au travers des images. Une succession de scénettes ultra pertinentes sur la vie et la détermination des prisonniers, le quotidien et la culpabilité des gardiens, les rituels, les combines, les armes des uns (principalement la merde et l'urine), les réactions des autres (le nettoyage, pratiqué comme une torture). Petit à petit, un personnage se dégage : Bobby Sands. Le chef. Ultra charismatique. Joué par Michael Fassbender. Ultra charismatique aussi, ça tombe bien, dis donc.


Le deuxième acte est un entretien, entre Sands, et un prêtre catholique. On est d'abord surpris de voir des acteurs de cinéma parler aussi longtemps sans que ça coupe. On se dit qu'ils ont du faire du théâtre, ou que les cartons planqués hors champ doivent être super longs.

Mais après, on se demande surtout pourquoi on est pas en train de s'emmerder. Il n'y a qu'un plan, avec deux bonshommes qui discutent dedans. Et on ne baille pas.

C'est parce que le jeu des acteurs est sidérant, et parce qu'on assiste à un combat. Un combat d'idées, aussi intense qu'une baston chorégraphiée par Jacky Chan, mais avec des mots. Tu vois le genre ? Non ? En tout cas, on en ressort vanné, et persuadé que ce qui arrive après va être encore plus fort.


On est pas déçu. La troisième partie, c'est le long processus de dégradation du corps. La suite logique, l'apothéose (atroce) du film. Mais aussi, forcément, une performance d'acteur, (qui a quand même été au moins égalée par Christian Bale dans The Machinist, autre film marquant, autre grand rôle que tout le monde semble avoir oublié...). Une séquence à te laisser incrusté dans ton siège, et qui clôture le film.


Bref, voilà, quoi. J'ai fait de mon mieux pour te convaincre.

Bon scénar, bons acteurs, bonne mise en scène = bon film.

Hunger = à voir.

Malheureusement, tu risques de le trouver difficilement en salle. Bats toi pour le voir !


Enchaînons ensuite avec deux autres films accueillis avec succès par la critique. C'est important, l'accueil de la critique. Ca te permettra de dire que « tu les as vus, ces chefs d'oeuvre, ah ah ah »...


D'abord, « Pour Elle », thriller avec Vincent Lindon et Diane Kruger.



Julien est professeur de français, il mène une vie agréable et tranquille avec Lisa, sa femme, et leur bébé, Oscar.

Je ne vais pas m'étendre : c'est bien joué, écrit de manière efficace, correctement mis en scène. Pas transcendant. On s'attendait au nouveau « Ne le dis à personne », même identification au personnage, même sensation d'enlisement, d'épuisement, de trou noir, et même rebond final, même regain d'espoir. Les montagnes russes dont on parlait plus haut

Hé beh là, non. Est-ce que c'est le réalisme, l'épure de l'histoire ? Sans doute. C'est moins bien. Mais pas mal. Mais moins bien.


Ensuite, « Two Lovers » de James Gray.




Critiques dithyrambiques = attente énorme = moi qui ne suis pas une tarl... euh, qui suis moyennement intéressé par les histoires d'amour, pour une fois, celui-ci va m'intéresser. Puisque c'est « incroyable ». On va donc me parler d'amour d'une manière à la fois juste, et neuve.

Alors vi, il joue bien, Joaquim Phoenix, il a même, pour une fois, un rôle un peu différent de ceux qu'il a d'habitude, même si c'est pas encore le grand rôle comique qu'on attendait pour lui... et vi, les autres, ils jouent bien aussi. Gwyneth Paltrow est tellement belle que tu comprends pourquoi il tombe amoureux d'elle, le Joaquim. Par contre, Vinessa Shaw est tellement belle, que tu te demandes pourquoi il hésite tellement à lui sauter dessus. C'est peut-être le premier hic.

Parce que l'histoire, c'est que Joaquim s'est fait plaqué par son grand amour, qu'il a un travail inintéressant dans le magasin de ses parents. Et qu'il rencontre en même temps deux femmes : une que sa famille lui a plus ou moins amenée à la maison, belle, sage, convenable (Vinessa), et l'autre, sa voisine, belle, folledingue, pas convenable (Gwyneth). Laquelle va-t-il choisir ?

Ca sent le cliché, hein ? Beh oui, mais c'est « incroyable ». Donc, comme dans tous les films de James Gray, on attend la surprise, le grain d'originalité qui a fasciné nos chers critiques. Et comme à chaque fois, ça vient pas.


« The Yards »  était un film de gangsters « glaçant de réalisme » = limite chiant, parce que mine de rien, les gangsters, entre deux meurtres, ils se planquent, ils se cherchent, donc ils s'emmerdent.


« La Nuit nous appartient » nous proposait l'histoire d'un fils/frère de flics indigne, travaillant pour la pègre, qui voit son père mourir, puis son frère laissé pour mort : du coup, il devient policier, et se venge. Détail croustillant : on lui dit qu'il fera l'école de police après, il peut entrer en action tout de suite, le temps de punir les meurtriers de son frère.

Même Stallone aurait pas osé. James Gray, lui, l'a fait. Et les critiques ont trouvé ça « incroyable ».


Bref, « Two Lovers », un film moyen dans une filmographie médiocre. Tu peux aller le voir, camarade. Ca fera plaisir aux critiques.


Mais puisqu'on parle de films sur l'amour, et qu'on voudrait quand même se prouver à nous mêmes, les bourrins, qu'on peut voir autre chose que des explosions, et aimer ça, il faut citer une autre référence.

Il existe, cet autre film qui n'a rien et tout à voir avec « Two Lovers ». Tu ne pourras te le procurer qu'en dvd... ou autrement.

Ca s'appelle "Cashback"..




C'est l'histoire d'un petit gars qui vient de plaquer sa (très jolie) petite amie, et qui regrette tellement qu'il n'en dort plus. Lassé de compter les minutes, au bout d'une semaine, il se met à travailler de nuit dans un super marché. L'ennui continue... Le temps passe si lentement qu'il en arrive à l'arrêter. Et là, qu'est-ce qu'il fait, le petit gars ? Il sauve le monde ? Non. Il veut devenir peintre, un jour. Il est fasciné par la beauté des femmes. Alors, quand il arrête le temps, il les déshabille, là, dans le magasin, et il les dessine. Et il va retomber amoureux, forcément.


Sean Ellis, le réalisateur, comme James Gray, fonce tête baissée dans les clichés. Avec en plus, à l'opposé de Gray, une photo ultra esthétisante, des gonzesses qui sont toutes des top modèles (à commencer par les figurantes). Le pire du pire ? Comme Ellis est aussi sincère que Gray, et que lui, il prend des risques et s'en fout des intellos, tu peux te faire piéger, camarade. Toi aussi, tu risques de tomber amoureux des clientes du supermarché, de la vendeuse, de l'ex. Pire : le film se permet un maximum de sorties : les flashbacks du héros, découvrant l'érotisme et l'amour, drôles et bandants, ou la vie passionnante des employés/collègues du héros, qui sont autant de scènes marrantes, pas toujours fines... mais marrantes. Autant de petits bols d'air qui viennent alimenter une intrigue amoureuse naïve mais joliment mise en image.

Au final, Cashback : bon et joli film sur l'amour... visible même par un gars. En cachette, évidemment.

M

Publié dans Culture mon amie

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